Plan de Saint-Malo

Réserve Citoyenne de Saint-Malo
+5m
Encres végétales sur papier recyclé
68×48,5 cm
Musée d’Archéologie des Futurs
Cartes et plans
PLA

Fac-similé du plan de la ville diffusé dans le guide « Bienvenue », remis aux visiteureuses à leur arrivée à Saint-Malo. Ce plan représente Saint-Malo, à marée basse, alors que le niveau de la mer s’est élevé de 5 mètres. On peut y découvrir divers aménagements dont on pense qu’ils ont permis à la ville de s’adapter à la montée : canaux, zone humide recréée à l’emplacement d’un ancien marécage et agrandissement de l’étang de Marville pour constituer un bassin de retenue, villages flottants… On notera également la relocalisation de certains équipements — de santé notamment — au sud de la ville.

Sous l’impulsion de Yuna Salaün-Leroux, les merrien·nes firent très rapidement le choix d’une vie nomade, en cohérence avec leur recherche constante d’états de flux. Une partie de l’année — généralement le printemps et l’été — se passait en Merre, à bonne distance des côtes pour y prendre soin des écosystèmes les plus vulnérables et renforcer les liens au vivant au sein des communautés merriennes. L’automne et l’hiver voyaient les villages merriens s’abriter dans des hâvres aménagés pour favoriser les échanges avec les « Terrestres ».

Cuillères à brume et présentoir
Cuillères à brume et présentoir, Anonyme, +5m — Divers alliages métalliques, bois — Musée d’Archéologie des Futurs

Cette collection de cuillères à brume témoigne de l’importance dans la culture merrienne de la gestion des ressources en eau potable, en particulier dans les tous premiers temps des villages merriens, dans les années 30. Les cuillères à brume étaient alors utilisées comme mesure des rations d’eau potable allouées à chaque merrien·ne. Chacun·e était libre, une fois les rations définies collégialement, de venir prélever son eau sur les filets à brume qui permettaient sa collecte : la cuillère était alors glissée le long d’un fil gorgé d’eau et se remplissait progressivement.

Les collections de cuillères omniprésentes dans les intérieurs merriens seraient une façon d’honorer la mémoire de leurs « grand·es ancètres ».

Le collectif « Les Merrien·nes » serait l’héritier des idées développées par l’architecte Jacques Rougerie et d’un mouvement apparu dans les années 20 sur la Côte d’Émeraude. Baptisé « Les Villages Flottants », il se donnait alors pour objectif de développer des solutions d’habitat low tech pour vivre à proximité des côtes, en harmonie avec les milieux aquatiques. S’inspirant de certains de ses principes constructifs, Yuna Salaun Leroux imaginera des villages-archipels pouvant se déplacer sur les flots, se reconfigurer, s’agréger au gré des saisons et conditions climatiques pour offrir un mode de vie en harmonie avec Merre et œuvrer à la régénération des écosystèmes marins.

Nous relevons ici une référence explicite à « Hypersea », théorie développée par Dianna et Mark McMenamin dans les années 1990. « Hypersea » proposa une vision novatrice des interactions entre les organismes marins et terrestres, en interprétant la vie terrestre comme le prolongement d’un « océan intérieur ».

« Hypersea » reposait sur l’idée que les organismes terrestres auraient, au cours de l’évolution, emporté avec eux un microcosme d’eau et de symbioses complexes, créant un « hyperocéan » connecté par des échanges métaboliques généralisés. Contrairement à l’idée classique d’une rupture entre milieu aquatique et terrestre, Hypersea postula la continuité biologique que les Merrien·nes reprirent à leur compte : la Terre émergée aurait ainsi été colonisée non comme terrain vierge, mais comme un vaste biotope où les relations mutualistes et parasitiques entre espèces ont permis une diversification extraordinaire.

Goutte d’Eau
Goutte d’Eau, Elementum, +5m, Verre, argent et acier recyclés — Musée d'Archéologie des Futurs

Dans la culture merrienne, chaque enfant reçoit à sa naissance une « goutte d’eau », un bijou dont l’usage est similaire à celui des médailles de baptême : il matérialise l’entrée de l’enfant dans la communauté des vivant·es et symbolise le lien ontologique qui l’unit à Merre et plus largement à l’élément liquide.

Le récipient, de formes variées, est rempli d’échantillon·s  prélevé·s à la naissance de l’enfant dans la ou les étendue·s d’eau qui irrigue·nt et nourri·ssent la communauté. L’enfant se voit ainsi symboliquement confier sa part de soin au milieu dont iel fait partie intégrante.
Poster « Merre »
Poster « Merre », Neo Atlas, +5m, Encres végétales sur papier recyclé, impression numérique, Musée d’Archéologie des Futurs

Dans les années 40, l’océanographe et géophysicien Athelstan Spillhaus invente une projection cartographique centrée sur l’océan. Il donne ainsi à voir un visage inédit de notre planète où les continents  forment un archipel autour d’un corps d’eau unique qui baigne l’ensemble de leurs côtes.

Près d’un siècle plus tard, le mouvement merrien adoptera la projection Spillhaus comme  symbole d’une cosmovision océanique et rebaptisera notre planète bleue, Merre.

« Em » est le symbole de l’ÉcuM, monnaie complémentaire qu’utilisent les merrien·nes pour les échanges entre elleux et avec le continent.

L’ÉcuM se forme — génère de la valeur — à l’occasion de toute action des merrien·nes qui bénéfice à leur milieu de vie. A contrario l’ÉcuM est détruite — se déprécie — par toute action qui détériore la santé du milieu.

Les merrien·nes ont pour coutume de composer des colliers de coquillages matérialisant leur « richesse », c’est à dire leur capacité à prendre soin de Merre.