Planche illustrée « Doris Lætitium »

Anonyme
2025
Encre sur papier, impression numérique
21×29,7 cm
Musée d’Archéologie des Futurs
Dessins et imprimés
IMP/13-2023

Planche extraite d’un rapport d’expédition représentant le Doris Lætitium, espèce de poisson des abysses découverte en 2025 dans la fosse des Mariannes par l’équipe de la professeuse Izumi Watanabe et dont les écailles changent de couleur en fonction de la teneur en chromoenzyme Theta-C de l’eau. La chromoenzyme Theta-C est produite par la métabolisation de certaines diatomées en présence d’ondes Theta, ondes cérébrales, émises par une grande partie des vivants humains et autres qu’humains en état de joie ou bien-être.

Le Doris Læitium devrait pour partie son nom à un film animé du XXe siècle qu’affectionnait particulièrement l’enfant de la professeuse Izumi Watanabe.

Cette découverte saluée par la communauté scientifique comme une voie possible et révolutionnaire vers une meilleure appréhension de la santé des socio-écosystèmes a donné lieu à un effort de recherche institutionnelle et citoyenne très intense entre 2025 et 2034.

Le collectif « Les Merrien·nes » serait l’héritier des idées développées par l’architecte Jacques Rougerie et d’un mouvement apparu dans les années 20 sur la Côte d’Émeraude. Baptisé « Les Villages Flottants », il se donnait alors pour objectif de développer des solutions d’habitat low tech pour vivre à proximité des côtes, en harmonie avec les milieux aquatiques. S’inspirant de certains de ses principes constructifs, Yuna Salaun Leroux imaginera des villages-archipels pouvant se déplacer sur les flots, se reconfigurer, s’agréger au gré des saisons et conditions climatiques pour offrir un mode de vie en harmonie avec Merre et œuvrer à la régénération des écosystèmes marins.

Nous relevons ici une référence explicite à « Hypersea », théorie développée par Dianna et Mark McMenamin dans les années 1990. « Hypersea » proposa une vision novatrice des interactions entre les organismes marins et terrestres, en interprétant la vie terrestre comme le prolongement d’un « océan intérieur ».

« Hypersea » reposait sur l’idée que les organismes terrestres auraient, au cours de l’évolution, emporté avec eux un microcosme d’eau et de symbioses complexes, créant un « hyperocéan » connecté par des échanges métaboliques généralisés. Contrairement à l’idée classique d’une rupture entre milieu aquatique et terrestre, Hypersea postula la continuité biologique que les Merrien·nes reprirent à leur compte : la Terre émergée aurait ainsi été colonisée non comme terrain vierge, mais comme un vaste biotope où les relations mutualistes et parasitiques entre espèces ont permis une diversification extraordinaire.

Goutte d’Eau
Goutte d’Eau, Elementum, +5m, Verre, argent et acier recyclés — Musée d'Archéologie des Futurs

Dans la culture merrienne, chaque enfant reçoit à sa naissance une « goutte d’eau », un bijou dont l’usage est similaire à celui des médailles de baptême : il matérialise l’entrée de l’enfant dans la communauté des vivant·es et symbolise le lien ontologique qui l’unit à Merre et plus largement à l’élément liquide.

Le récipient, de formes variées, est rempli d’échantillon·s  prélevé·s à la naissance de l’enfant dans la ou les étendue·s d’eau qui irrigue·nt et nourri·ssent la communauté. L’enfant se voit ainsi symboliquement confier sa part de soin au milieu dont iel fait partie intégrante.
Poster « Merre »
Poster « Merre », Neo Atlas, +5m, Encres végétales sur papier recyclé, impression numérique, Musée d’Archéologie des Futurs

Dans les années 40, l’océanographe et géophysicien Athelstan Spillhaus invente une projection cartographique centrée sur l’océan. Il donne ainsi à voir un visage inédit de notre planète où les continents  forment un archipel autour d’un corps d’eau unique qui baigne l’ensemble de leurs côtes.

Près d’un siècle plus tard, le mouvement merrien adoptera la projection Spillhaus comme  symbole d’une cosmovision océanique et rebaptisera notre planète bleue, Merre.

« Em » est le symbole de l’ÉcuM, monnaie complémentaire qu’utilisent les merrien·nes pour les échanges entre elleux et avec le continent.

L’ÉcuM se forme — génère de la valeur — à l’occasion de toute action des merrien·nes qui bénéfice à leur milieu de vie. A contrario l’ÉcuM est détruite — se déprécie — par toute action qui détériore la santé du milieu.

Les merrien·nes ont pour coutume de composer des colliers de coquillages matérialisant leur « richesse », c’est à dire leur capacité à prendre soin de Merre.